O comme Originaires de Lussac-les-Eglises, où des fils de maréchaux de Haute-Vienne deviennent maçons en Deux-Sèvres

Série d’articles autour des propriétaires successifs d’une maison appartenant maintenant à ma famille, dans le village de Louin, Deux-Sèvres (79). Pour le #ChallengeAZ 2020

Nous connaissons le nom du propriétaire de la maison rachetée par mon arrière-grand-père en 1949 : Michel Frugier, maçon, né en 1865, qui l’a reçue par leg d’Augustin Marteau (fin de l’article G). D’où vient Michel Frugier? Vous souvenez-vous de l’article Trois familles, à la fin duquel on a marié des gens, dont Jacques Philippe Frugier, maçon, et de Marie Magdeleine Poirault ? Ce sont ses parents, à Michel Frugier né en 1865.

Remontons la généalogie de Jacques Philippe Frugier né en1835. Lui est né à Louin, marié à Louin. Rien à redire. Son père par contre, Philippe Frugier, maçon aussi, vient d’ailleurs. Il est originaire de Lussac-les-Eglises, en Haute-Vienne (87). Allons voir cela de plus près.

Les gens

Erratum : chez Jean Frugier et MJ Desbordes, au moins une fille a atteint l’âge adulte, Félicité Frugier1821-1889

Les lieux

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L’histoire

Pour le moment, je n’ai à ma disposition que des actes paroissiaux et d’Etat-civil pour tenter de raconter l’histoire familiale de Philippe Frugier et son grand frère Jean Frugier, maçons, nés ailleurs et établis à Louin.

Joseph Frugier, Marie Devassac, mariage vers 1720

Un jour, vraisemblablement avant 1723, peut-être à Magnac (Magnac-Laval) en Haute-Vienne, fut célébré le mariage de Joseph FRUGIER et de Marie DEVASSAC. Voici un extrait de l’acte dont je tire ces informations, mariage de leur fils au Dorat en 1747. Le patronyme de la mère est orthographié DEVESSAC. Certains généalogiste lisent DECRESSAC, ce qui se défend. Leur ville et paroisse d’origine est-elle bien Maignac ?

Mariage de Honoré Frugier en 1747 au Dorat (87). Ses parents sont-ils bien de Maignac (= Magnac, maintenant Magnac-Laval 87)?

Maréchal

Joseph FRUGIER est maréchal, ou le devient, en tous cas il l’est en 1747.

Un maréchal, c’est sûrement quelqu’un qui s’occupe des chevaux. Encore qu’on trouve aussi le terme de maréchal-ferrant. Est-ce différent?

Un maréchal-ferrant ferre les chevaux, pour cela il doit être aussi forgeron, pour travailler le fer des fers.

Peut-être qu’un maréchal est quelqu’un qui prend soin des chevaux, il sait les ferrer mais aussi en prendre soin. On verra dans un instant que le petit-fils de Joseph FRUGIER est maréchal, puis maréchal expert.

Le métier de maréchal expert a été étudié dans une thèse de doctorat vétérinaire, ici (pdf). Synonyme hongreur. Les maréchaux experts, ou hongreurs, pratiquent une médecine empirique sur les chevaux et se sont retrouvés en concurrence avec les vétérinaires diplômés à partir du XVIIIè siècle.

La famille Frugier est une famille de maréchaux et variantes. De père en fils, de frère en frère. C’est très frappant. A part, anomalie, les deux maçons installés à Louin, qui fils, neveux, et demi-frères de maréchaux mais sont devenus maçons, et pour trois générations. Et pour le moment je n’ai pas d’explication à cette anomalie, on aura l’occasion d’en reparler, ça me contrarie.

Honoré Frugier, Marie Laguzet, mariage en 1747

Joseph FRUGIER et Marie DEVASSAC ont un fils prénommé Honoré. Je pense qu’ils ont aussi une fille qui épouse avant 1747 un tailleur d’habits de Magnac (Maignac) nommé Jean BRAM (témoins dans un autre acte). Pour mémoire, on croise plus tard un François peut-être BRAM (à la relecture j’ai un gros doute sur le déchiffrage), tailleur d’habits, témoin en 1788 au mariage de la génération suivant à Lussac, puis un (ou deux) Philippe BRAM notaire public à Lussac en 1799 et et Maire de Lussac 1813. Il y a peut-être un autre fils prénommé François (arbres en ligne)

Bref, revenons à l’autre enfant de Joseph Frugier et Marie Devassac, Honoré FRUGIER. Il épouse Marie LAGUZET en 1747, au Dorat. Il a alors environs 24 ans, indique l’acte de mariage. Il serait donc né autour de 1723, et vraisemblablement à Magnac. La mariée à 18 ans, sûrement née au Dorat, aux environs de 1729 si mes calculs sont justes. Honoré Frugier est maréchal ferrant fils de Joseph Frugier aussi maréchal. Juste cela peut indiquer que maréchal ferrant et maréchal sont des synonymes, dans notre contexte.

[Honoré] Frugier maréchal ferrant fils de Joseph Frugier aussi maréchal (le Dorat, 1747)

La mariée, Marie Laguzet, est fille d’un maréchal taillandier, Philippe Laguzet. Voir ici sur maréchal taillandier : il s’agirait d’un métier de la forge dont l’activité consiste à produire des outils. Outils coupants, précise l’article Wikipédia. Dans la famille de la mariée, on a un cousin chemisier au Dorat (je ne lis pas bien son nom, Pierre de Chignère?) et un oncle Joseph Laguzet maréchal taillandier à Dansac.

Bien, voilà, le mariage est fait. Les années passent, et je n’ai pas de nouvelles. Il se raconte dans les arbres en ligne que le couple donne naissance à Jean Baptiste FRUGIER en 1759, le 4 août, au Dorat. J’ai cherché l’acte et je ne l’ai pas trouvé. Soit j’ai mal cherché, soit y’a un problème. Cette lacune a un moment conforté l’hypothèse, émise par ailleurs, que la famille Frugier serait protestante. Je crois qu’il faut invalider cette hypothèse, vu les nombreux autres actes de baptême et de mariage sur lesquels j’ai mis la main.

A un moment, Marie Laguzet, femme d’Honoré Frugier, décède. Donc, remariage de Honoré Frugier en 1776, au Dorat, avec Jeanne BEAUGAY. Lui est âgé d’environ 50 ans et elle d’environ 42 ans. Lui est bien veuf de Marie Laguzet. Concernant la mariée, il s’agit probablement de son premier mariage. Elle est fille de feu Urbain GEAUGAY, maitre d’école, et de Marie Touché ; dans les témoins, Pierre Laguzet, marchand, frère du marié ; Jean BEAUGAY, maître d’école, frère de la mariée ; Simon ERLEVIN, perruquier, beau-frère de la mariée ; Mathieu JANDRAUX, aubergiste des trois marchands, tous du Dorat.

Jean Baptiste Frugier aurait 17 ans au moment du remariage de son père, sous réserve d’exactitude de sa naissance en 1759. Je sais qu’il a un frère, François Frugier, vraisemblablement de la même mère. Les deux frères deviennent maréchaux. Je connais l’existence et le métier de François Frugier car il est témoin au mariage de son frère Jean Baptiste en 1788 à Lussac – et témoin et maréchal, s’il avait été son demi-frère et fils de Jeanne Beaugay il aurait eu 12 ans max à ce mariage, ça colle pas). Le mariage de Jean Baptiste Frugier à Lussac en 1788, on en parle tout de suite, c’est parti.

Jean-Baptiste FRUGIER et (Marie) Anne LABORIE, mariage en 1788

Le mariage a lieu à Lussac-les-Eglises le 6 mai 1788. Là, on réalise qu’on a loupé quelque chose car le marié Jean Baptiste FRUGIER est déjà veuf. D’après mes calculs et encore sous réserve d’exactitude d’une naissance en 1759, il aurait 29 ans. Sa première femme s’appelait Françoise BAVIER. Je ne sais ni où ni quand a eu lieu ce premier mariage, ni s’il y a eu des enfants. Le marié est bien sûr maréchal.

La seconde femme est donc Anne LABORIE, fille de Jean LABORIE, notaire, et de feue Catherine DUMAS. C’est pas mal comme métier ça, notaire. Jean Laborie signe, dit le curé. Les autres ne signent pas. La version de l’acte paroissial que je consulte n’a pas les signatures, mais je la retrouve sur un acte de l’année suivante, naissance du petit-fils.

Signature de Jean Laborie,Lussac-les-Eglises, 1789

Les témoins de la mariée sont son papa, Jean Laborie donc, et un tailleur prénommé François peut-être BRAMS, ou BAVIER, ou autre chose.

Les témoins du marié sont également son papa, Honoré FRUGIER, toujours maréchal, bon pied bon œil, remarié depuis 12 ans. Il aurait alors 66 ans si j’en crois d’autres informations ; et François Frugier, maréchal, frère du marié.

Les enfants de Jean Baptiste Frugier 1759 – 1835

Jean Frugier, 1789 – c’est l’ainé des deux Frugier qu’on retrouve plus tard maçons à Louin

Et voilà, mariage fait. Le premier enfant arrive onze mois après, le 22 avril 1789. Il s’agit de Jean FRUGIER. Il naît à Lussac-les-Eglises et est baptisé en l’église Saint Martial, précise l’acte. Sa mère est dénommée Marie Anne LABORIE (le « Marie » n’est pas sur l’acte de mariage). L’acte de baptême de Jean Frugier ne dit pas si c’est son père qui le déclare mais indique sa profession, maréchal. Son parrain est Jean LABORIE, son grand-père maternel, le notaire. La marraine une certaine Françoise BOULANGER, qui ne signe pas et dont je n’ai jamais entendu parler.

C’est grâce à cet acte que j’ai la signature de Jean Laborie montrée au paragraphe précédent. C’est aussi dans cet acte que j’ai eu des difficultés à comprendre le métier de Jean Laborie, notaire, noté sous forme abbrégée : no avec un truc sur le o suivi de re, qu’on transcrit : no[tai]re.

Qu’en est-il du grand-père paternel, Honoré FRUGIER, témoin au mariage un an auparavant ? Et bien, il était encore vivant à la naissance de son petit fils Jean Frugier. Il est décédé juste un mois plus tard, 21 mai 1789 au Dorat. Il était âgé de 67 ans et époux en secondes noces de Jeanne BEAUGAY. Les déclarants sont  Mr Jean BEAUGAY, sergent, Simon ERLEVIN, M[aitr]e perruquier, du Dorat. On connaît bien Simon Erlevin qui était perruquier 13 ans plus tôt au mariage de Honoré Frugier et jeanne Beaugay. Jean Beaugay, sergent, est-il le même que Jean Beaugay, alors maître d’école, frère de la mariée?

Marguerite Frugier, 1791 (devenir inconnu)

Je continue à suivre Jean Baptiste FRUGIER et Marie Anne Laborie. Mariés à Lussac-les-Eglises, premier enfant à Lussac également, mais on les retrouve au Thollet, 10 km plus loin et dans le département voisin de la Vienne (86), trois ans plus tard. En effet, en 1791 y naît Margueritte FRUGIER, fille de Jean FRUGIée (sic) maréchal au présent bourg et Marie LABOURIE. Parrain Louis BONNIFRET maire de la commune et Margueritte COULON. Pour moi cela ne fait pas de doute, Jean Frugiée (sic) n’est autre que Jean Baptiste Frugier ; Marie Labourie et Anne Laborie, également connue sous le nom de Marie Anne Laborie, ne font qu’une. Par contre je n’ai ensuite plus aucune nouvelle de l’enfant Marguerite Frugier, pas de décès ni rien, disparue des radars.

Philippe Frugier, 1799 – c’est le cadet des deux Frugier qu’on retrouve plus tard maçons à Louin

On continue. Troisième et dernier enfant du couple, dans l’état de mes connaissances : Philippe FRUGIER, 5 mai 1799 (16 floréal an 7), déclaré par Jean Baptiste FRUGIER maréchal d[e]m[euran]t au chef lieu de la commune de Lussac, mère Marie Laborie, témoins le citoyen Philippe BRAM notaire public et Marie BENOIST. Jean Baptiste FRUGIER signe Baptiste Frugier (ou Frugiet peut-être)

Signature de Jean Baptiste Frugier, Lussac-les-Eglises 1799

Troisième mariage de JB Frugier, avec Françoise Montsacré

Jean Baptiste Frugier devient veuf pour la second fois en 1809. Acte de décès de Marie LABORIE à Lussac-les-Eglises le 5 septembre 1809, déclarants Jean GIGAUD propriétaire, 31 ans, ami, qui signe, et Jean RICHARD dont je n’arrive pas à lire le nom du métier, 51 ans, qui ne signe pas. Jean Baptiste Frugier ne fait pas partie des déclarants.

La défunte est dite âgée de 48 ans. Ses enfants auraient 10 ans (Philippe), 18 ans (Marguerite) et 20 ans (Jean). Et devinez, Jean Baptiste FRUGIER se remarie. Je n’ai pas l’acte, mais ce 3ème mariage est attesté notamment par son acte de décès, à Louin, en 1835, où il est bien le père du déclarant Philippe Frugier 36 ans et veuf en dernières noces de Françoise Monsacré.

Jean Baptiste FRUGIER avait la cinquantaine au moment de ce troisième mariage, néanmoins je trouve au moins une naissance. Normal, la mariée est en fait d’une vingtaine d’années sa cadette.

Un autre Philippe Frugier 1813 (mais il s’appelle ensuite Honoré)

Naissance de Philippe Frugier, le 20 juillet 1813, Lussac, fils de Jean Baptiste FRUGIER, maréchal, 52 ans ans et de Françoise MONTASACREE (Montsacrée), 33 ans. Témoins Jean GIGAUD LAFOND propriétaire 34 ans (c’est lui qui avait déclaré le décès de la 2ème épouse 3 ans auparavant) et François MACE (Macé) maréchal 48 ans. Tout le monde signe, les témoins ont même des signatures élaborées, vous voyez, celles avec les zigouigoui qu’on appelle des ruches, on en a déjà parlé.

Lussac-les-Eglises 1813

Là, on se pose et on réfléchit. Jean Baptiste Frugier avait à ce moment, en1813, au moins deux fils vivants de son précédent mariage : Jean, 24 ans et Philippe, 14 ans. Et il prénomme son nouveau gamin Philippe ! De nos jours, cela ne passerait pas. En fait, en fréquentant des généalogistes, on découvre que la situation n’est pas exceptionnelle et on se garde de l’interpréter.

Même si à nos yeux de contemporains, quand même, on trouve qu’il abuse.

On a une idée de ce que devient Philippe Frugier II car on le retrouve à Béthines, dans la Vienne. Lussac-Béthines, 30 km. pour son mariage, le 14 juillet 1835. C’est bien lui, il a 22 ans, né à Lussac le 20 juillet 1813, fils de JB Frugier décédé à Louin (écrit : Loiil ou Loül, Deux-Sèvres) quelques mois auparavant et de Françoise Monsacré décédée à Lussac en août 1830. Sauf que Philippe Frugier II est, dans cet acte, d’abor dénommé Philippe Honoré Frugier, puis Honoré Frugier tout court. Son prénom en marge de l’acte est aussi Honoré tout court. Par contre, il signe bien Philippe Honoré.

Honoré, comme son grand-père, si vous avez suivi. D’ailleurs, la profession de Philippe Honoré Frugier né en 1813, c’est : maréchal. Comme on père Jean Baptiste, son oncle François, son grand-père Honoré, son arrière-grand-père Joseph. Mais pas comme ses deux demi-frères Jean et Philippe FRUGIER, devenus maçons à Louin.

Philippe Honoré Frugier est donc maréchal à Brigueil-le-Chantre (86), à 10 km de Lussac-les-Eglises et 20 km de son lieu de mariage. Sa femme s’appelle Marguerite LAGEON et est fille d’un sabotier et d’une domestique (c’est la publication des bans qui nous indique la profession de sa mère, pas l’acte de mariage)

Nicolas Alexandre Frugier né en 1816, devenir inconnu

Le 12 mai 1816 naît Nicolas Alexandre Frugier à Lussac, fils de Marie (sic) Monsacré et JB Frugier maréchal. J’ai perdu sa trace, comme j’ai perdu la trace de sa demi-soeur Margueritte, 25 ans auparavant. Si vous les retrouvez, faites-moi signe.

Le devenir des enfants de JB Frugier

A ce stage, il me semble que s’impose une représentation de la ligne de vie de JB Frugier.

Il me reste maintenant à vous parler du devenir de Jean et Philippe Frugier, les enfants de son second mariage, les deux qui, comme je l’ai déjà évoqué, atterrissent à Louin, dans les Deux-Sèvres, à 120 km de Lussac-les-Eglises et y exercent la profession de maçon.

Jean Frugier Lussac 1789 – Louin 1871

Je n’avais pas eu de nouvelles de Jean Frugier depuis sa naissance en 1789, entendre : pas de trace dans les actes. Il avait 20 ans à la mort de sa mère, 24 et 27 ans à la naissance de ses demi-frères. Je ne retrouve pas son nom dans les liste du contingent militaire du Canton de Bellac, Haute-Vienne, autour de 1809, l’année de ses 20 ans. Je ne sais pas où il vivait, où il travaillait, et surtout quelle profession il a apprise. Maréchal comme son père ou déjà maçon ? Mise à jour : mais bien sûr qu’il est dans les listes départementales du contingent de la Haute-Vienne en 1809, 1 R 52 vue 69/196 : avait été réformé lors de la levée de classe, rappelé par celle de 120,000 hommes, parti pour le 137ème de ligne le 29 9bre 1813, incorporé dans la 24ème de ligne le 8 janvier 1814, matriculé sous le n°18414. Autre informations dans la fiche: 1 m 54, cheveux et sourcils châtain, yeux bleus, front couvert, nez bienfait, bouche petite, menton (?), visage plein, teint coloré, profession : manœuvre [je crois, je ne suis pas sûr, j’aimerais bien lire maréchal mais ce n’est pas maréchal]

Téléportation, je retrouve Jean Frugier en 1818 à Louin, 120 km de Lussac. Il épouse Marie Jeanne DEBORDE qui est servante à Parthenay (79) mais se parent sont cultivateurs à Louin.

Lui, Jean Frugier, est masson (orthographe vue très souvent) à Louin, et muni de l’autorisation de son père, maréchalle (c’est pas grave, orthographe de tout l’acte est très personnelle), demeurant à Lussac les Eglises. Autorisation enregistrée au Tribunal civil de Montmorillon dans la Vienne, 86, signée de deux patrons notaires dont je n’arrive pas à déchiffre les noms. Quelque chose comme Joseph TROMPECOSSE(?) et Joseph TOUTIGé, de la commune de Brigueil-le-chantre (86), si je comprends bien.

Jean Frugier a 29 ans (calcul), majeur, mais il fut un temps où l’autorisation des parents étaient requise de toute façon. Ses témoins à lui sont des amis, Louis POYNOT, masson, 50 ans, qui signe PONOT (avec le N à l’envers, comme je vois souvent dans les signatures) et Polle MIGNAUX, fournier, 60 ans, qui ne signe pas.

La suite ? Jean Frugier et Marie Jeanne Deborde ont des enfants à Louin, mais tous ceux que j’ai trouvés sont morts jeunes. Peut-être des survivants m’ont-ils échappé, si vous en trouvez, signalez, ça ferait plaisir. Malgré tout, belle longévité du couple : ils décèdent à Louin âgés lui de 82 ans et elle de 80 ans.

AJOUT : au moins une de leurs enfants a atteint l’âge adulte, Félicité Frugier, née en 1821 à Louin. Je la retrouve à Louin en 1872, dans le bourg, route de Parthenay à (Grand?). Elle a 51 ans, « revendeuse » (?) et vit avec sa mère Marie Jeanne Desbordes veuve Frugier, 71 ans, « aliénée non dangereuse ». Félicité Frugier décède en 1889 à La Guichardière, Tessonnière (Airvault), 67 ans, célibataire … déclaration par un Philippe Frugier, maçon, 54 ans, qui déclare être son frère.

Philippe Frugier Lussac 1799 – Louin 1857

Philippe Frugier est donc le petit frère de Jean Frugier dont on vient de parler. Lui avait 10 ans au décès de sa mère, 14 et 17 ans aux naissances de ses demi frères, et 19 ans au mariage de son frère à Louin. De lui non plus je n’ai pu trouver d’autres traces, mais ai-je bien cherché.

Et donc je le retrouve également à Louin le jour de son mariage, le 11 juillet 1825.

Son père Jean Baptiste FRUGIER, maréchal expert, domicilié à Lussac-les-Eglises (orthographié Lussac les Eglisse), donne son consentement au mariage par acte devant Sieur BRAC, notaire à Lussac, et enregistré à Arnac le 2 juin 1825. Philippe Frugier épouse Rose BERGERAUX, 19 ans, fille de Michel Bergeraux, cultivateur à Louin, et Marie SOULIGNAC.

Le marié Philippe Frugier est masson, 27 ans, demeure à Louin. Il a comme témoin son frère Jean Frugier, 36 ans, masson, ainsi qu’André MARSAULT, 25 ans, voisin et ami (âge reconstitué grâce à d’autres actes, sur le registre de mariage le premier chiffre est coupé)

Philippe Frugier et Rose Bergeraux ont eu au moins quatre enfants ayant atteint à l’âge adultes, tous nés à Louin entre 1826 et 1835. Celui qui m’intéresse le plus est Jacques Philippe FRUGIER ° né le 1er mai 1835 : c’est lui qui épouse Marie Magdeleine POIRAULT dans l’article trois familles et devient le père de Michel Frugier, l’Héritier dans cet article lui même père de Michel Frugier fils, mort pour la France ici.

Les autres enfants de Philippe Frugier et Rose Bergeraux sont : Louis Philippe Frugier marié à Louin x BRETAULT, 5 filles ; Marie Léonie mariée à Louin X GUIOT, 3 enfants ; un frère Michel(le) marié à Toulouse, X ESQUIE. Je n’ai pas trouvé d’enfants.

Fin de vie à Louin pour Jean Baptiste Frugier

Jean Baptiste Frugier, maréchal puis maréchal expert, ayant habité à Lussac-les-Eglises vraisemblablement en continu depuis au moins 1788, fini ses jours à Louin, toujours à 120 km de Lussac. J’ai bien son acte de décès du 12 février 1835, à Louin, âgé de 77 ans. Déclarant : son fils Philippe Frugier, 36 ans. J’ai été étonnée de confirmer ce qu’indiquaient des arbres généalogiques et que je prenais pour une erreur. JB Frugier a bien fini ses jours loin de chez lui, près de ses fils.

En fait, il y a une logique : on sait que JB Frugier perd sa troisième épouse à Lussac en 1830. Il doit avoir 72 ans. C’est pas tout jeune. On sait qu’il a deux fils à Louin, qui sont alors tous les deux mariés. C’est bien pratique, des fils mariés. Il a aussi un fils, Philippe II ou Philippe-Honoré Frugier, qui a 17 ans, c’est jeune, et il n’est évidemment pas marié. Il a peut être aussi un fils de 14 ans, Nicolas Alexandre Frugier.

Donc, JB se rapproche de ses fils mariés, même s’ils sont loin (à Louin, ahah, le retour de la blaque). Il n’amène vraisemblablement pas son fils Philippe Honoré, car celui-ci devient maréchal et se marie en 1835 près de Lussac, on en a déjà parlé. S’il était venu à Louin, je parie qu’il aurait été maçon et se serait marié à Louin.


Voilà qui clôt pour le moment le récit des Frugier de Lussac atterri à Louin. Il reste plein de questions égrenées au fil de texte. Ma principale interrogation demeure : mais pour quel raison Jean et Philippe Frugier, issus d’une famille de maréchaux du nord de la Haute-Vienne sont-ils devenus maçons établis au Nord des Deux-Sèvres, dans le premier quart du 19ème siècle?

image d’en-tête : Lussac-les-Eglises, place de l’église. AD 87 46 FI 6933

2 commentaires sur « O comme Originaires de Lussac-les-Eglises, où des fils de maréchaux de Haute-Vienne deviennent maçons en Deux-Sèvres »

  1. Histoire joliment racontée.
    On ne s’ennuie pas.
    On est aidé aussi en suivant le récit avec l’arbre généalogique et les lignes de vie imprimés devant les yeux.
    J’ai hâte de connaître la réponse à l’interrogation finale.

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  2. Superbe récit et très clair. Beaucoup de pistes à creuser. Hâte d’en savoir plus.
    D’autres maçons dans le secteur seraient-ils dans le même cas ? (Originaires d’un autre coin)

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